BOTSWANA

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BOTSWANA

Depuis son indépendance, le Botswana s’est toujours distingué de ses voisins par la stabilité d’une vie politique fondée sur le multipartisme et des élections libres, et par sa capacité à gérer très habilement une rente minière particulièrement intéressante. Or l’évolution de la situation politique en Afrique australe, marquée par l’irrésistible émancipation des peuples noirs, notamment le processus sud-africain de démocratisation, et, à l’intérieur, par la consolidation de l’économie nationale, a commencé à ouvrir le pays à de nouvelles perspectives qui ébranlent lentement le pouvoir du parti majoritaire depuis 1966 et exigent la mise en œuvre de nouvelles politiques économiques.

Possédant des frontières communes avec l’Afrique du Sud, le Zimbabwe et la Namibie, jouxtant la Zambie sur quelques hectomètres, le pays n’a accédé à l’indépendance que le 30 septembre 1966. Jusqu’à cette date, le territoire était un protectorat britannique appelé Bechuanaland, qui fut constitué en 1885 pour soustraire cette région à l’expansion des Boers, eux-mêmes refoulés vers l’est et le nord par l’arrivée de colonies anglaises autour du Cap. Créée en 1909, l’Union sud-africaine a revendiqué la souveraineté sur le territoire des Tswana, mais s’est heurtée au refus de Londres, et ce n’est qu’en 1961 que l’Afrique du Sud, devenue république, a renoncé à ses prétentions. Assurant fermement la défense du protectorat, les Britanniques ont néanmoins délaissé cette possession: elle était administrée depuis Mafeking (Afrique du Sud), et ses rares routes et voies ferrées avaient pour fonction de relier Pretoria à Salisbury.

Les transformations de l’économie

Couvrant une superficie évaluée à un peu moins de 600 000 kilomètres carrés et peuplé de 1 320 000 habitants au recensement de 1991, le pays est un vaste plateau d’une altitude moyenne de 1 000 mètres, occupé à l’ouest par le désert du Kalahari. La surface «utile» se réduit à une étroite bande sud-nord, le long des frontières sud-africaine et zimbabwéenne, qui concentre l’essentiel de la population et des activités.

L’évolution économique du Botswana peut grossièrement être divisée en deux temps. Dans les années qui suivent l’indépendance, il est classé parmi les vingt-cinq pays les plus pauvres du monde. Il souffre de sa situation climatique (sécheresse) et géographique (enclavement). L’essentiel des ressources est tiré de l’élevage, activité principale des Botswana et seul produit d’exportation. L’unique installation moderne est l’abattoir de Lobatse dans le Sud. L’équilibre financier est alors régulièrement assuré par des subventions britanniques et le rapatriement des salaires de plus de 40 000 nationaux employés dans les mines sud-africaines. À partir du début des années 1970, la mise en valeur de plusieurs gisements miniers transforme le profil économique du pays. Tout en développant un important cheptel évalué en 1990 à 5 millions de têtes (dont 2,6 millions de bovins), le Botswana a progressivement diversifié ses productions minières. Des mines de cuivre et de nickel sont exploitées à Selebi-Pikwe (dans l’Est). Si leurs réserves prometteuses sont estimées à 50 millions de tonnes, la production est encore modeste. Il en est de même pour l’exploitation des réserves de charbon et de soude de Sua Pan. Des gisements pétroliers, découverts au début des années 1990, ne sont pas encore mis en exploitation. La richesse du Botswana repose actuellement sur les gisements de diamants d’Orapa (250 km à l’ouest de Francistown) qui sont les deuxièmes du monde. L’ouverture de nouvelles installations assure un niveau de production très élevé, qui représente 60 p. 100 des revenus de l’État et 40 p. 100 du P.I.B. du pays en 1991. Les autres productions, tels le charbon et la soude, sont secondaires.

Les conséquences de cette exploitation nouvelle et intense du sous-sol sont évidemment importantes. Sur le plan strictement économique, la production intérieure brute a considérablement augmenté, notamment sur la base du développement des capacités locales de production et de valorisation des productions minières. Grâce à cette bonne gestion de la mane minière, le Botswana est l’un des pays ayant le plus fort taux de croissance au monde (+ 8 p. 100 par an de 1971 à 1991), assurant un P.I.B. par habitant de 2 800 pulas en 1991 (1 pula = 2,40 F), un excédent permanent de la balance des paiements et la constitution de réserves en devises représentant plus de deux ans d’importations. Cela constitue déjà un indéniable succès, même si la répartition de la richesse et des revenus est particulièrement inégale entre employés du secteur industriel minier et pasteurs traditionnels. Hormis l’élevage extensif pratiqué dans de grands ranches, la production agricole, fortement touchée par les sécheresses cycliques, a diminué de 80 p. 100 de 1979 à 1985, le Botswana ne produisant plus alors que 10 p. 100 de ses besoins alimentaires, tandis que les deux tiers de la population reçoivent une assistance alimentaire. Les repaiements de la zone douanière sud-africaine (S.A.C.U.), le rapatriement des salaires des travailleurs émigrés en Afrique du Sud, une politique budgétaire très rigoureuse et un appel à l’investissement étranger, joints aux revenus de la rente minière, ont permis au pays, classé par la Banque africaine de développement (B.A.D.), depuis 1991, comme pays favorisé, de s’affranchir des subventions britanniques d’équilibre.

Si le Botswana a essayé de desserrer l’emprise économique sud-africaine – accords avec la C.E.E., entrée dans la Conférence pour la coordination du développement en Afrique australe (S.A.D.C.C.), sortie de la zone rand et création d’une monnaie nationale, le pula, le 23 août 1976 –, il reste que l’Afrique du Sud maintient sa domination en contrôlant à travers ses entreprises l’ensemble de l’économie et en assurant près de 90 p. 100 des importations du pays.

Une vie politique stable

La vie politique nationale est caractérisée par une grande stabilité et une non moins grande modération. La première qualité peut être mise sur le compte d’une relative cohésion ethnique. À l’exception de quelque 50 000 Bochiman, premiers habitants du pays repliés dans le désert devant la poussée bantoue et vivant de chasse et de cueillette, la population est constituée de Tswana. Ces derniers sont structurés en huit groupes tribaux principaux, dont chacun occupe un territoire spécifique et a sa propre organisation sociopolitique (chefferies). Le groupe le plus important est celui des Bamangwato, qui comprend environ 35 p. 100 de la population totale du Botswana et sert de base politique au Parti démocratique botswanais (B.D.P.). Un autre facteur de stabilité réside dans le fait que les chefs ont été assez tôt (dès 1920) associés à la gestion du territoire par les autorités coloniales, d’abord dans le cadre de Conseils consultatifs puis dans celui d’une Assemblée législative (1960). Ainsi, ils ont été préparés à opérer la relève du pouvoir blanc. La modération du régime politique, fait exceptionnel dans cette partie de l’Afrique qui a longtemps subi le joug d’une colonisation (hollandaise, anglaise et portugaise) plutôt dure, est attestée par la bonne intégration des deux communautés raciales, la blanche atteignant environ 6 500 personnes (fermiers et assistants techniques). L’expérience personnelle du premier chef de l’État, sir Seretse Khama, explique également ce climat harmonieux. Successeur du chef des Bamangwato et ayant été envoyé dans la métropole pour y faire des études, il avait transgressé les normes coutumières locales et scandalisé la société britannique en épousant une Anglaise. Mais son obstination eut raison des oppositions et des réticences et, parvenu à la tête de l’État, il eut à cœur de favoriser l’entente entre communautés raciales et, au-delà, entre groupes sociaux.

Depuis l’accession à la souveraineté, il a été élu et réélu régulièrement de 1965 à sa mort. Ont contribué à ce succès politique le prestige national que lui a valu son rôle de cheville ouvrière de l’émancipation du Botswana et un fort soutien tribal, en tant que chef traditionnel des Bamangwato. Sa politique a été marquée par des préoccupations démocratiques et des prises de position lucides mais courageuses quant à l’évolution du pouvoir en Rhodésie et en Afrique du Sud. Atteint d’une maladie incurable, il est décédé le 13 juillet 1980, à l’âge de cinquante-neuf ans. Le dispositif constitutionnel a bien fonctionné dans cette circonstance qui a servi en quelque sorte de test institutionnel. Le successeur, régulièrement élu par le Parlement, est Quett Masire, longtemps vice-président et présenté comme partageant étroitement les vues du chef historique du Botswana.

La modération du régime se manifeste surtout dans la mise en place d’une authentique démocratie et d’un vrai pluralisme politique. Le bicaméralisme, hérité de l’Angleterre, a favorisé à la fois le fonctionnement d’une vie politique moderne et l’expression de la dynamique tribale. L’Assemblée nationale regroupe trente-quatre députés élus au scrutin majoritaire à un tour, auxquels s’ajoutent quatre députés cooptés par les autres parlementaires et nommés par le président. L’Assemblée des chefs réunit les dirigeants des huit tribus les plus importantes: elle exerce une fonction consultative auprès du gouvernement, alors que le pouvoir législatif est détenu par la Chambre basse. Mais l’essentiel de l’autorité est entre les mains du président de la République, véritable chef de l’exécutif qui dispose du droit de dissoudre le Parlement. Malgré cela, le régime est plutôt présidentiel que parlementaire. Des élections législatives et présidentielle libres et concurrentielles ponctuent la vie politique. Les premières ont eu lieu en 1965. Le Parti démocratique (B.D.P.) du Premier ministre Seretse Khama a obtenu 28 des 31 sièges mis en compétition, et son chef est devenu par là même président de la République. Les trois autres sièges sont allés au Parti du peuple (B.P.P.). D’autres consultations législatives ont été très librement organisées en 1969, 1974, 1979 et 1984 et furent remportées à chaque fois par le B.D.P. Les élections générales de 1989 ont confirmé à nouveau la suprématie du B.D.P. qui a capté 31 des 34 sièges. Cependant, les résultats beaucoup plus contrastés des élections locales ont montré un tassement de la puissance du B.D.P. au profit d’une opposition alternative potentielle incarnée par le Front national botswanais (B.N.F.). Ce dernier a réussi à confirmer son audience urbaine en contrôlant 3 des 5 conseils urbains dont Gaborone, le B.D.P. parvenant pour sa part à reprendre le contrôle de Francistown.

Les problèmes urbains et sociaux deviennent préoccupants, et il n’est pas sûr que le président Masire puisse exercer son pouvoir dans le même climat de ferveur et d’harmonie que son prédécesseur. Issu d’une tribu minoritaire (les Bangwaketse), très traditionaliste, il n’a jamais réussi à se faire élire à l’Assemblée – ne devant son poste de député qu’au droit du chef de l’État de nommer quatre parlementaires – et ne bénéficie pas d’un soutien très ferme de la part des autorités traditionnelles. Mais, surtout, on assiste depuis 1970 à la formation d’un prolétariat urbain issu notamment de l’immigration rurale, confronté à un chômage croissant et à une pénurie de logements. La perte de contrôle des conseils urbains par le B.D.P. traduit la montée des mécontentements. Des troubles violents réprimés par l’armée ont secoué les banlieues de Gaborone en 1987. Le lancement d’une politique plus favorable à l’emploi en 1988 tente de répondre à ces nouveaux besoins. Mais les conflits sociaux se développent et se durcissent, alors que les affaires de corruption sont exposées au grand jour et que, pour la première fois, l’opposition tente de s’unifier dans un Front progressiste du peuple botswanais unissant le B.P.P., l’Union progressiste botswanaise et le B.N.F.

La politique extérieure et l’obstacle sud-africain

La situation géographique du Botswana a pesé lourdement sur sa politique étrangère. Ses dirigeants, tout en œuvrant pour l’accession au pouvoir des majorités noires dans les pays limitrophes, et tout en nouant des relations diplomatiques avec Moscou et Pékin, ont été conscients des limites que l’enclavement au milieu de régimes blancs et racistes imposait à leurs idéaux. S’ils ont été prompts à dénoncer les politiques d’apartheid et à accueillir des réfugiés, ils se sont montrés fort réticents à s’associer aux sanctions économiques décidées par la communauté internationale à l’égard de Pretoria et de Salisbury. De fait, outre la pression quotidienne exercée par ses puissants voisins (communications et échanges économiques), le Botswana a eu à subir de fréquentes violations de territoire des armées sud-africaine et rhodésienne qui prétendaient exercer un droit normal de poursuite d’éléments nationalistes noirs. Le changement radical intervenu au Zimbabwe, la fin de la colonisation portugaise, l’indépendance progressive de la Namibie et la démocratisation en Afrique du Sud contribuent à donner au pays un environnement beaucoup plus stable.

Botswana
(république du) (Republic of Botswana), état d'Afrique australe limité à l'ouest par la Namibie, au nord par l'Angola et la Zambie, à l'est par le Zimbabwe, au sud par l'Afrique du Sud; 600 370 km²; env. 1 500 000 hab.; croissance démographique: 3 %; cap. Gaborone. Nature de l'état: rép. présidentielle et pluraliste. Langue off.: anglais. Monnaie: pula. Ethnies: Tswana (75,5 %), Shona (12,4 %), Boschimans (3,4 %); Hottentots (2,5 %), etc. Relig.: relig. traditionnelles (49,2 %), protestantisme (29 %), églises indép. (11,8 %), cathol. (9,4 %). Géogr. phys. et hum. - Le Botswana est un vaste plateau semi-désertique. à l'ouest, le désert du Kalahari couvre les deux tiers du territoire. La population se concentre sur une bande étroite longeant les frontières du Zimbabwe et de l'Afrique du Sud. Essentiellement rurale (74 %), elle est très jeune (72 % avaient moins de 30 ans en 1995). L'agriculture (sorgho) n'est pratiquée que sur 0,7 % du territ. L'élevage est important: 2,8 millions de bovins; 2,5 millions de chèvres. La production de diamants, la troisième du monde, est souvent considérée comme la première pour la qualité. Elle fournit 79 % des exportations. L'Afrique du Sud constitue le seul débouché (ferroviaire). Hist. - En 1885, la Grande-Bretagne fit du royaume des Tswana (par anglicisation: Betchuanaland) un protectorat, afin d'éviter son annexion par les Boers, qui convoitaient sa richesse minière. Bientôt, de nombreux Tswana durent partir travailler dans les mines sud-africaines. à partir de 1919, la G.-B. associa les chefs locaux à la gestion du pays. En 1960, celui-ci reçut une Constitution. En sept. 1966, il accéda à l'indépendance et reprit son nom bantou de Botswana. Leader du Parti démocratique (créé en 1962), Premier ministre (1965), Seretse Khama le présida jusqu'à sa mort (1980). Son successeur, Quett Masire, poursuivit la politique de développement entreprise dans les années 70. En 1997, il annonça son retrait en 1998 et désigna son successeur: Festus Mogae. Depuis sa création, le Botswana est très écouté sur la scène internationale.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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